Contexte 

La crise sanitaire a eu un effet immédiat et brutal sur le monde du travail, freinant net un grand nombre d’activités. Elle a aussi mis en évidence l’importance cruciale de la sécurité sociale, tant pour le financement du système de santé qu’en matière d’allocations de chômage.  

Le confinement et les pauses qu’il a provoquées dans le cours habituel de nos existences ont suscité beaucoup de réflexions sur ce que pourrait être « le monde d’après ». Plusieurs enquêtes l’ont montré : beaucoup rêvent d’un monde où l’on prendrait davantage son temps. Se réapproprier le temps, c’est aussi envisager autrement le rapport au travail. Autrement et collectivement. 

Forte de ses milliers de sociétaires œuvrant dans les secteurs les plus variés, Smart s’est révélée un bon poste d’observation pour ce qui concerne les travailleur·euses dits «atypiques». Une situation d’exception où l’on a vu les mécanismes de solidarité déployés au sein de la coopérative jouer pleinement leur rôle protecteur. 

Temps de travail, production, consommation, impact écologique… il est urgent de se réapproprier le temps comme un objet de reconquête sociale. La crise sanitaire a bien engendré une crise du travail en réinterrogeant sa place, son sens, l’essentialité des activités. Plus largement, c’est l’opportunité de repenser l’articulation des différents temps sociaux qui émerge. Les désirs de changement sont les mêmes en Belgique qu’en France, comme le révèlent les enquêtes réalisées sur cette période. 

Face à ces constats et aspirations d’ordre individuel se confronte, ou s’oppose une réalité économique et politique. En France comme en Belgique, le télétravail est posé comme nouvelle règle, la solution au maintien d’une activité économique : «Le télétravail devient la règle impérative pour tous les postes qui le permettent». La question subsidiaire (non) posée est celle du maintien de l’activité à tout prix, sans possibilité de réfléchir collectivement à un ralentissement.  

Le déconfinement a été autorisé. Aurait-il dû être préparé? Cette question ne se pose pas. Pourtant, des témoignages montrent que se déconfiner n’est pas plus facile que de se confiner car, au fond, se déconfiner serait reprendre la vie d’avant. Et pourtant, beaucoup ont misé sur le monde d’après. Se déconfiner, c’est reprendre la vitesse. Individuellement, chacun·e tente de se saisir de ces injonctions, de ces mouvements de pensées. Collectivement, l’injonction au maintien de l’activité, les normes sanitaires en vigueur et l’adaptation à ce nouvel état n’ont pas réellement permis de mobilisation collective. Le retour à l’emploi s’opère pour beaucoup dans des conditions où les interactions dans le lieu de travail ne sont pas propices aux constructions collectives.  

État de la réflexion au sein du groupe Smart 

La crise sanitaire s’est traduite chez Smart par une baisse significative du chiffre d’affaires global de ses sociétaires, empêché·es de travailler normalement. Cette forte diminution du chiffre d’affaires correspond principalement à des annulations de commandes, ce qui a un impact significatif sur l’activité des sociétaires et leurs possibilités de se verser une rémunération ou d’engager des frais au profit de leur activité.  

Certain·es travailleur·euses ont néanmoins pu s’adapter à la situation, en se recentrant sur du télétravail, quitte à réduire leurs tarifs quand ils n’étaient pas en mesure d’offrir intégralement leurs services habituels ou pour conserver des client·es dont le pouvoir d’achat a été amoindri. Là où certaines activités prévoyaient une prestation « relationnelle » de travail, ces activités ont été déplacées dans les espaces numériques grâce à l’utilisation de plateformes de vidéoconférence, voire d’un simple téléphone. Les contraintes de la crise sanitaire ont offert à certaines professions, l’opportunité de multiplier leur volume d’activité, grâce à la demande accrue en matière de digitalisation.  

Smart a entrepris une série d’actions à la fois concrète et politique, qui illustrent la multiplicité de ses niveaux d’intervention : 

  •  S’organiser pour décliner les mesures gouvernementales et accompagner les sociétaires dans la constitution de dossiers de demande d’indemnité. 
  •  S’investir énergiquement dans des actions de plaidoyer en collaboration avec divers partenaires et principalement des syndicats pour combler les carences dans les mesures prises par les pouvoirs. Et ainsi déclencher par exemple en Belgique, le droit au chômage temporaire “covid” élargi aux salarié·es ne disposant que de contrats de très courte durée ou la prise en compte des coopératives d’emploi et entreprises partagées soient prises en compte dans les plans de relance de la Région bruxelloise.  
  •  Mettre en place diverses initiatives pour aider ses sociétaires à dépasser le cap difficile (avances de frais, de trésorerie, fonds de solidarité, suspension de loyers, formations…).  

Objectifs de réflexion du groupe de travail 

Que les impacts soient conséquents ou plus légers la crise sanitaire questionne nos trajectoires et notre avenir. C’est une occasion pour les groupes de travail sur les enseignements de cette crise et sur ce que nous souhaitons porter ensemble pour un rebond, pour plus de résilience, pour un changement dans nos pratiques ou encore de notre manière de coopérer.  

Questions-clefs 

Les questions clefs devront être définies par le groupe de travail, en fonction du développement et des avancements des réflexions. Néanmoins à titre d’inspiration, voici quelques suggestions :   

  • Quelles pratiques individuelles et collectives vont / doivent évoluer ?
  • Quels impacts sur notre usage de la coopérative ?
  • Quel(s) rôle(s) peut jouer la coopération au sein de Smart ?
  • Comment Smart peut accompagner les travailleur·euses désireux·euses d’inventer de nouveaux rapports au travail, rapports au temps et contribuer à l’émancipation ? 
  • Est-il possible d’accompagner chaque salarié·e à choisir son temps et innover en matière juridique ?  
  • Comment Smart peut agir sur la protection sociale des individus, avec des nouvelles modalités pour décélérer sans pour autant s’appauvrir ? 
  • Peut-on mettre de côté l’empilement et les logiques de rentabilité pour mieux protéger les femmes et les hommes qui y œuvrent ?

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