Lundi 10 juin, le tribunal de commerce a déclaré Smart France en liquidation judiciaire à la suite de notre déclaration de cessation de paiement. Cette décision marque la fin de notre aventure commune.

Ces dernières années ont été difficiles pour notre coopérative.

La crise qu’a traversé Smart France a un déclencheur précis : l’interdiction subite faite à la Nouvelle Aventure et à l’établissement audiovisuel de Smart de porter des projets dans le secteur artistique et culturel. Cette décision de Pôle Emploi, contestable et contestée juridiquement, a rayé au mois de septembre 2020 45 % de ce qui avait constitué le chiffre d’affaires du groupe français en 2019 et privé près de 4000 artistes et techniciens et techniciennes du spectacle et de l’audiovisuel de leur outil de production. Cette attaque, jouxtée à la crise sanitaire, a agi comme un poison lent. Elle a révélé des faiblesses et accentué des difficultés plus anciennes.

À la crise économique a succédé une crise de sens et s’en est suivi une crise de gouvernance et un conflit social interne. Pour y faire face, nous avons élaboré un Plan de continuation des activités. Ce plan a été soumis au vote et validé lors de l’assemblée générale exceptionnelle le 29 novembre 2021. Il avait pour objectif de faire face à la crise avec d’une part des mesures de redressement économique. D’autre part, il incluait des mesures de redéveloppement qui, grâce à leur réalisation, ont permis d’assurer la création et l’indépendance de Coop Portage, de stabiliser le fonctionnement de GrandsEnsemble et d’assurer le service Gestion de contrats jusqu’au bout.

Début 2022, un nouveau coup s’abat sur la structure. La direction prend connaissance du refus d’étalement d’une dette ancienne de 900 000 euros conduisant la coopérative a un premier état de cessation des paiements et l’obligation légale de placer la société sous la protection du tribunal de commerce en sollicitant un redressement judiciaire.

L’ensemble des partie prenantes redouble d’effort pour sortir de ce redressement judiciaire et pouvoir maintenir l’activité de ses membres. Dans la continuité du plan prévu, un plan de réduction des charges est amorcé, incluant un plan social. Celui-ci se déroule dans un climat de forte tension et de conflit ouvert. Au final sur un effectif de 56 personnes au niveau de l’unité économique et sociale à l’ouverture de la procédure, ce sont désormais 27 salarié·es permanent·es qui resteront et composeront le groupement. Parallèlement, 10 bureaux sont fermés et les activités sont regroupées autour de 3 sites.

Ces mesures difficiles mais nécessaires ont remplies l’objectif d’une diminution de 409 k€ sur les charges fixes de la coopérative, de réduire de plus de moitié le déficit et diminué les charges de fonctionnement de près de 40%.

Smart sort de la période d’observation du redressement judiciaire, poursuit ses efforts sans relâche avec une attention particulière sur les créances et recouvre 1,4 millions d’euros sur les impayées allant de 2016 à 2021 afin de permettre la continuité de l’activité des travailleurs et travailleuses de la coopérative jusqu’à l’échéance du 31 décembre 2023 comme cela été prévu dans le plan voté lors assemblées générale de novembre 2021.

Jusqu’au dernier jour, nous n’avons eu de cesse de faire de notre mieux pour assurer la poursuite d’activité de nos membres et de nos structures associées.

Ce travail a été collectif, il s’est fait grâce à la confiance de nos coopérateurs et coopératrices, au soutien de nos partenaires, à l’engagement de nos administrateurs et administratrices et enfin grâce à la résilience et la volonté indéfectible de notre équipe permanente.

C’est aujourd’hui la dernière page de l’histoire Smart France. C’est avec une grande tristesse que nous vous l’annonçons. Malgré tout, nous pouvons être fière de ce que nous avons accompli.

SmartFR c’est une aventure humaine de 15 ans en France.  

C’est 4.543 membres-salariés depuis la création de notre coopérative en France qui ont développé 3.611 activités.

Cela totalise 41.981 contrats de travail ,193.803 jours de travail, 1.116.242 heures et 19.326.928€  de salaires pour les membres de la coopérative.

C’est également 312 structures-associées avec lesquelles nous avons travaillé et mis en place 60.130 paies pour leurs 7.236 salarié·es.

C’est enfin et surtout une croyance sincère et une volonté profonde d’opérer une transformation sociale du monde du travail, de lutter contre la précarisation des travailleurs et travailleuses, de défendre le statut le plus protecteur en France et en Europe, celui de salarié·e.

 

Merci infiniment pour la confiance que vous nous avez donnée.

Le conseil d’administration et toute l’équipe de SmartFR.